BCE : entre volonté de desserrement et une vigilance accrue

14/09/2024

Sans surprise, la Banque centrale européenne (BCE) a, à nouveau, baissé d’un quart de point le principal taux directeur, de 3,75 % à 3,50 %. Toutefois, la BCE garde un œil sur l’évolution de l’inflation.

Deuxième baisse des taux directeurs

Deuxième baisse consécutive depuis le printemps. La BCE a réduit ses taux directeurs, confirmant sa volonté de desserrer l’étau monétaire. Ainsi, le taux de dépôt est réduit de 25 points de base, tombant à 3,50 %. Le taux de facilité de prêt marginal, taux que les banques paient pour emprunter à la BCE des liquidités pour 24h, a baissé de 60 points de base, s’établissant à 3,90 %. Enfin, le taux de la facilité de refinancement, véritable curseur du crédit, affiche désormais 3,65 %. Toutefois, les fluctuations de ces deux taux ne modifient pas le loyer de l’argent

« Il est aujourd’hui opportun de faire un nouveau pas dans la réduction du caractère restrictif de la politique monétaire », a écrit le Conseil des gouverneurs dans un communiqué de presse. Une décision prise à l’unanimité selon la présidente de la BCE, Christine Lagarde, et soutenue par la baisse de l’inflation. Sur 12 mois, la hausse des prix, enregistrée en août, s’est fixée à 2,2 %, proche de l’objectif des 2 % fixé par la BCE.

Décision sans effet majeur sur la Bourse

Sur les places boursières, aucun effet de surprise suite à l’annonce de la baisse des taux directeurs. À la clôture, le CAC 40 termine en hausse de 0,52 %, à 7.435,07 points, dans un volume de 3,1 milliards d’euros.

De son côté, l’euro est en légère progression de 0,2 % face au dollar, mais les taux souverains restent inchangés. C’est surtout le secteur bancaire qui porte l’indice et le poids de Total Energies (+1,2 %). Autrement dit, peu de réactions sur les marchés boursiers qui avaient anticipé cette décision de la BCE.

Avenir incertain et crainte de récession

Malgré le relâchement de la politique monétaire, l’avenir reste incertain. La présidente de la BCE a admis que « la reprise économique affronte des vents contraires ». Si l’inflation est globalement en baisse, elle reste élevée dans le domaine des services, 4,2 % le mois dernier. De plus, l’économie européenne ne repart pas aussi vite que prévu. Le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro au second trimestre a été révisé à la baisse : 0,2 % (contre 0,3 % prévu).

Christine Lagarde estime que les effets des hausses consécutives des taux directeurs en 2023 devraient s’estomper progressivement. Toutefois, pour les experts, le risque de récession n’est pas écarté si la politique monétaire de la BCE reste trop restrictive.

L’attentisme de la BCE

Dans la crainte d’une hypothétique reprise de l’inflation, la présidente de la BCE a rappelé qu’elle ne s’est engagée sur aucun chemin de taux prédéterminé. Son approche restera « dépendante des données », « réunion après réunion ». Autrement dit, elle choisit d’attendre les effets des premières baisses des taux et l’évolution des prix pour construire sa stratégie.

« La BCE finira par accélérer le rythme des nouvelles baisses de taux, mais seulement l’année prochaine. À l’heure actuelle, les négociations salariales en Allemagne et les attentes croissantes en matière de prix de vente laissent encore présager une certaine persistance de l’inflation. La BCE voudra être tout à fait sûre avant de s’engager dans des baisses de taux plus agressives », pronostique ainsi Carsten Brzeski, économiste chez ING.

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