La double peine de pauvreté touche plus de 9 millions de ménages en France

23/10/2022

double-peine-pauvreté-touche-9-millions-ménages-France
La double peine de pauvreté touche plus de 9 millions de ménages en France

Avec le soutien du Boston Consulting Group, La Banque Postale et l’Action Tank Entreprise et Pauvreté viennent de publier une étude qui met en lumière la « double peine de pauvreté ». Ce phénomène, encore largement méconnu en France, touche pourtant 9,2 millions de ménages. Concrètement, il désigne les mécanismes qui conduisent un ménage modeste, à devoir payer plus cher, par unité de consommation, que la moyenne des ménages, pour un même bien ou service. Et selon cette étude, on estimerait, en 2022, que la double peine de pauvreté s’élève à 1 536 euros bruts par an. Soit 8,7 % des dépenses.

La double peine de pauvreté touche tous les secteurs

Immobilier, transport, communication, santé… Aucun secteur n’est épargné.
Pour mieux comprendre ce phénomène, on peut prendre pour exemple l’achat d’une voiture. Un ménage modeste va avoir tendance à se tourner vers un véhicule d’occasion plutôt qu’un véhicule neuf. Car moins cher à l’achat. Mais, ce choix risque finalement de lui coûter plus cher à long terme. La consommation de carburant est généralement supérieure, de 17 % selon l’étude. De même, les voitures d’occasion ayant déjà un certain nombre de kilomètres au compteur, présentent plus de problèmes et nécessitent donc plus de visites chez le garagiste. Résultat : les dépenses additionnelles vont rapidement flamber contrairement à une voiture neuve.

Même chose en ce qui concerne le logement. Les ménages modestes vont avoir tendance à occuper des logements plus petits. En moyenne, 0,7 pièce en moins. Or, les petites surfaces présentent généralement des loyers 13 % plus élevés au m². Par ailleurs, les ménages modestes ayant des dossiers plus fragiles, se voient souvent écartés de l’accès aux logements de qualité. La plupart des « passoires thermiques » sont effectivement louées à des familles ayant de faibles revenus. Or, pour atteindre un niveau de confort équivalent à celui des ménages vivant dans des logements bien isolés, elles doivent supporter 13 % de dépenses supplémentaires.

Quant à la santé, l’étude de La Banque Postale et de l’Action Tank Entreprise et Pauvreté rapporte que seulement 46 % des personnes gagnant moins de 20 000 euros par an auraient une mutuelle. Contre 70 % pour les personnes gagnant plus de 20 000 euros annuels.

Des aides pour pallier cette double peine de pauvreté

Selon cette étude, il existe des aides qui permettent de réduire cette double peine de pauvreté à une moyenne de 96 euros par an, soit 0,6 % des dépenses. C’est notamment le cas de l’Aide personnalisée au logement (APL), de la prime d’activité ou encore de chèque énergie. Des dispositifs qui s’adressent effectivement aux ménages les plus modestes.

De même, l’étude de La Banque Postale et de l’Action Tank Entreprise et Pauvreté explique que les entreprises proposant des biens et services pourraient mettre en place des offres inclusives à destination de ces ménages modestes. À titre d’exemple, les assurances habitations pourraient supprimer les surprimes en fonction du lieu de résidence. En effet, les ménages pauvres ont tendance à s’installer dans des zones géographiques qui engendrent souvent une surprime d’environ 9 % sur leur assurance.

Enfin, de nombreux ménages n’ont pas connaissance des aides auxquelles ils ont droit. L’État a donc également un rôle à jouer en facilitant l’information et l’accessibilité à ces aides.

Pour aller plus loin :

  • Retrouver l’article d’origine sur BFM TV