La Banque centrale européenne (BCE) a réduit d’un quart de point son taux de dépôt, le portant à 3 %. Malgré l’instabilité politique, la BCE met les bouchées doubles pour soutenir l’économie européenne.
Un taux de dépôt à 3 %
Un cadeau de Noël avant l’heure ? L’annonce de la Banque centrale européenne (BCE), jeudi 12 décembre, d’abaisser son taux de dépôt d’un quart de point supplémentaire s’y apparente. Désormais, le taux de dépôt s’établit à 3 %, son niveau le plus bas depuis mars 2023. Le taux de facilité de refinancement est fixé à 3,15 % et celui de la facilité de prêt marginal à 3,4 %. Il s’agit du quatrième desserement des taux d’intérêt depuis le mois de juin.
Avec cette décision, la BCE accède à la volonté du gouverneur de la Banque de France et d’un assouplissement du financement des marchés financiers, mais pas au niveau souhaité par les investisseurs. « Il y a eu des discussions autour de propositions d’une baisse de 50 points de base, mais finalement, tout le monde s’est rallié à une baisse de 25 points de base », a déclaré la présidente de la BCE, Christine Lagarde, lors de sa conférence de presse.
Un assouplissement destiné à soutenir l’économie
Si le Conseil des gouverneurs n’a pas souhaité viser plus haut, malgré le ralentissement persistant de la croissance européenne, c’est toujours en raison de l’inflation. « La victoire contre l’inflation n’est pas encore obtenue, ce n’est pas encore mission accomplie », a, encore une fois, rappelé Christine Lagarde. Toutefois, la présidente de la BCE a assuré que la hausse des prix à la consommation « est sur la bonne trajectoire ».
Alors pourquoi cette résistance sous couvert de prévention ? Car l’inflation n’est pas jugulée partout. Le taux d’inflation dans les services continue d’être trop élevé (3,9 %) pour que la BCE relâche complètement sa politique monétaire. « Nous avons quand même déjà accompli une grande partie du chemin », a confirmé Christine Lagarde. Elle va même plus loin dans sa position d’assouplissement. Le débat autour du point d’atterrissage du taux de dépôt est déjà lancé. Interrogée sur ce point, la présidente de la BCE a indiquait qu’il se situait « entre 1,75 % et 2,5 % ».
Cependant, elle ne s’est pas prononcée sur le calendrier pour atteindre ce taux neutre. À son habitude, Christine Lagarde a affirmé que les orientations de la politique monétaires seront décidées « en fonction des données, réunion par réunion, et sans s’engager pour la suite ».
Taux : le poids du risque politique
Selon les projections des économistes de la BCE, mises à jour récemment, l’inflation devrait atteindre son objectif, 2 %, plus tôt que prévu en 2025. Les prévisions de croissance ont également été revues à la baisse, mais elles ne tiennent pas compte des facteurs politiques actuels. L’éventuelle guerre commerciale avec les États-Unis et l’instabilité politique créée dans certains États membres, notamment en France et en Allemagne, pourraient changer la donne. L’« incertitude auto-infligée », comme l’a désignée la présidente de la BCE, oblige Francfort à rester sur ses gardes.
Hors Europe, les autres banques centrales, notamment la Banque du Canada et la Banque nationale suisse, ont opté pour des baisses d’un demi-point.
Pour aller plus loin :
- Lire le communiqué de presse du 12 décembre
- S’informer sur les Marchés financiers
- Retrouver l’article d’origine sur Les Echos