Un nouveau rapport des Nations Unies estime que la population mondiale atteindra son pic, plus de 10 milliards d’habitants, en 2080, avant de diminuer. Les experts pointent un monde à deux vitesses : les pays connaissant un déclin démographique et un vieillissement de la population et les pays où la population mondiale va continuer de croître. Analyse.
10,3 milliards d’habitants en 2080
Les Nations Unies ont publié, jeudi 11 juillet, un rapport présentant les dernières projections de croissance mondiale à l’horizon de 2100. La tendance déjà mise en avant dans le rapport précédent se confirme : la population mondiale va continuer de croître jusqu’au milieu des années 2080 pour atteindre 10,3 milliards d’habitants.
Pour rappel, la planète a dépassé la barre symbolique des 8 milliards d’êtres humains le 15 novembre 2022. Depuis cette date, la population mondiale a augmenté d’environ 2,5 % et atteint aujourd’hui, en 2024, 8,2 milliards. Le rapport de l’ONU établit que la croissance démographique devrait se poursuivre à hauteur de 25 %, jusqu’à atteindre son pic au milieu des années 2080. Selon les estimations, elle devrait ensuite amorcer un recul et descendre à 10,2 milliards d’habitants en 2100.
Baisse de la fécondité et vieillissement de la population
L’évolution croissante de la population mondiale s’explique par le vieillissement de la population. L’amélioration de l’accès aux soins et les progrès en matière d’éducation permettent aux Nations Unies d’estimer que l’espérance de vie va continuer d’augmenter. Elle devrait, selon les estimations, s’élever à 77 ans en 2050, contre 73,3 ans en 2024.
La véritable nouveauté de ce rapport est la très haute probabilité que la population mondiale atteigne son pic avant la fin du siècle. Ce scénario n’avait que 30 % de probabilité dans les années 2010. La probabilité actuelle est de 80 %. Cette estimation s’appuie sur deux constats : l’amélioration des conditions de vie et la baisse de la fécondité.
L’indice de fécondité dans le monde est en baisse. Alors qu’il affichait 3,31 enfants par femme en 1990, l’indice de fécondité est actuellement à 2,25 par femme en 2024. Soit un peu moins de deux enfants par femme. Autrement dit, les deux tiers de la population mondiale vivent dans une zone du globe où la fécondité est inférieure au minimum nécessaire pour assurer le renouvellement des générations, soit 2,1. La baisse de la fécondité s’explique par la scolarisation des jeunes filles et la généralisation du recours de la contraception.
Croissance de la population : un monde à deux vitesses
Si l’impact du vieillissement de la population et de la baisse de la fécondité est un constat global de l’ONU, le rapport souligne de grands écarts selon les régions géographiques. Concrètement, le document met en avant deux tendances :
- Les pays qui ont déjà connu leur pic démographique, soit 63 pays regroupant environ 28 % de la population.
- Les pays dont la croissance démographique va se poursuivre, soit 126 Etats représentant environ deux tiers de la population.
Les 63 pays ayant déjà atteint leur pic démographique sont les pays développés. Ces derniers sont confrontés à la double peine du vieillissement de leur population et de la baisse de la fécondité ce qui est largement problématique lorsque le marché du travail, et le financement des systèmes de retraites et de santé reposent sur une croissance de la population. L’ONU prévoit que 48 autres pays devraient atteindre leur pic démographique dans les trente prochaines années. Parmi eux, l’Argentine, le Brésil, l’Iran ou encore l’Indonésie.
Les autres pays, essentiellement les pays les moins développés, devraient, quant à eux, connaître une hausse de leur population dans les trente prochaines années. Les Nations Unies estiment, par exemple, que l’Afrique subsaharienne va voir sa population s’accroître de deux tiers d’ici 2050. Au Niger, par exemple, l’âge médian de la population en 2024 est de 14,5 ans, lorsqu’il est de 47,7 ans en Italie et de 44,9 ans en Allemagne.
L’immigration, moteur de la croissance de la population européenne
Contre toute attente, le rapport de l’ONU met en avant quelques exceptions à ce monde à deux vitesses. Ainsi, la France et le Royaume-Uni font partie des États dont la population devrait néanmoins continuer de croître, grâce notamment à l’immigration. Ce phénomène, au cœur des débats politiques, pourrait, selon le rapport, atténuer la baisse démographique dans 50 États.
Au 1er janvier 2024, l’Union européenne comptait 449 millions d’habitants et une croissance de près de 2 millions de personnes. Les derniers chiffres d’Eurostat confirment le rôle majeur de l’immigration dans le maintien de la croissance démographique européenne. L’immigration nette s’est élevée à 2,8 millions de personnes, un chiffre stable par rapport à 2022 (3 millions). L’année 2024 est la deuxième année de hausse consécutive, après le recul lié au Covid-19.
L’an dernier, sept États membres de l’UE ont vu leur population décroître : Italie, Pologne , Grèce, Hongrie, Bulgarie, Slovaquie et Lettonie. Dans ces pays, l’immigration ne suffit pas à compenser le solde naturel. « C’est d’autant plus problématique que les succès politiques des droites radicales dans plusieurs pays de l’UE mettent une pression croissante sur les politiques d’immigration », analyse Elizabeth Kuiper, rattachée au Euroepan Policy Centre de Bruxelles. La France se situe dans une situation intermédiaire avec une hausse de la population de 0,3 % en 2023, grâce à un solde naturel positif et une immigration dynamique.
Pour aller plus loin :
- Pour lire le rapport des Nations Unies
- S’informer en matière de Retraite
- Retrouver l’article d’origine sur Les Echos