Malgré l’envolée des taux souverains de la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) continue son cycle baissier en réduisant pour la sixième fois le taux de dépôt à 2,5 %.
Les coûts d’emprunt de la France au plus haut depuis 2011
Coup de chaud sur les taux souverains. Jeudi 6 mars, la présentation du plan de relance a déclenché l’envolée du coût des emprunts d’État de la France à 10 ans. Le taux a dépassé 3,6 %, une première depuis 2011. « La violence du mouvement laisse penser qu’on assiste à la liquidation de positions d’investisseurs pariant sur une baisse des taux longs européens et qui se sont fait surprendre », analyse Matthieu de Clermont chez Allianz GI.
Pour les pays européens endettés comme la France, cette réaction des marchés n’est pas une bonne nouvelle. Actuellement, le taux à 10 ans français est 40 points de base au-dessus de sa moyenne de 2024. « S’il se maintient à ce niveau, ce sera préjudiciable pour les finances publiques. Et au niveau européen, la question de la soutenabilité de la dette pourrait à nouveau se poser », explique Matthieu de Clermont.

Mais la France n’est pas le seul pays de la zone euro à réagir. Côté allemand, le taux a gagné 37 points de base en deux jours. La dernière fois qu’une telle tension a été enregistrée le mur de Berlin avait cédé et on annonçait la réunification de l’Allemagne…
La BCE garde le cap
La particularité de la situation pourrait donc entraîner une volte-face de la Banque centrale européenne. Contre toute attente, Francfort ne modifie pas le cap. La présidente de la BCE a annoncé une nouvelle baisse des taux directeurs. Le taux de dépôt se fixe donc désormais à 2,5 %.
« La plupart des outils de mesure confortent un retour de l’inflation à 2 % », justifie Christine Lagarde. Soit, la cible que s’était fixée la BCE pour 2025. Les voyants sont donc au vert pour continuer le desserrement de la politique monétaire européenne. D’autant plus qu’elle estime que sa politique n’est plus vraiment un frein à l’économie. Cette posture marque aussi le refus de la BCE de se laisser influencer par les mouvements des marchés financiers, jugés trop récents.
La fin du desserrement de la politique monétaire ?
Toutefois, les arguments de la BCE n’ont pas suffi à rassurer les investisseurs. Même au sein du Conseil des gouverneurs, le débat fait rage : faut-il vraiment poursuivre la baisse des taux à tout prix ? Ce qui renvoie encore à la question du taux neutre.
Les partisans de la ligne dure de la politique monétaire estiment que le taux neutre est atteint. Il faut donc cesser de baisser les taux au risque de relancer l’inflation. Si le marché du crédit accuse une légère amélioration, il est encore trop tôt pour envisager une pause.
« La direction de la BCE n’est plus aussi claire qu’auparavant », affirme Carsten Brzeski, chef de la recherche macroéconomique pour ING. Les traders réajustent donc leurs prévisions vers un statu-quo des taux pour avril, voire juin. Une estimation qui a directement boosté les rendements des obligations souveraines.
Pour aller plus loin :
- Lire le communiqué de presse de Christine Lagarde
- S’informer en matière de Marchés financiers
- Retrouver l’article d’origine sur Les Échos