Taux directeurs : la BCE garde le cap

03/02/2025

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une nouvelle baisse de son taux directeur à 2,75 %. Sa présidente, Christine Lagarde, s’est montrée confiante sur l’atteinte de la cible dans les prochains mois.

Un taux de dépôt abaissé à 2,75 %

Alors qu’outre-Atlantique, la Réserve fédérale (Fed) se prépare à repartir en arrière, la Banque centrale européenne (BCE) maintient sa politique de desserrement progressif en procédant à une nouvelle baisse de son taux directeur, fin janvier. Ainsi, elle ramène son taux de dépôt de 3 % à 2,75 %. Il s’agit de la quatrième baisse consécutive.

À partir du 5 février, les taux d’intérêt de la facilité de dépôt, des opérations principales de refinancement et de la facilité de prêt marginale afficheront respectivement 2,75 %, 9,90 % et 3,15 %.

Cette décision, proposée par l’économiste en chef de la BCE, a été votée à l’unanimité du Conseil des Gouverneurs. Attendue et nécessaire, elle confirme les propos de Christine Lagarde, lors de la dernière réunion de politique monétaire, et réaffirme sa volonté de sortir du terrain restrictif. Pour rappel, le terrain restrictif implique que le loyer de l’argent freine l’économie plus que nécessaire et empêche l’évolution de la croissance.

Soutenir la croissance malgré l’inflation

« Même après 125 points de base d’assouplissement en cumulé, la BCE a toutes les chances de rester en pilote automatique dans les mois qui viennent et, dans un premier temps, de ramener les taux directeurs à un niveau neutre, que l’on peut situer autour de 2 % », analyse Frederik Ducrozet, chez Pictet AM. La sortie du terrain restrictif n’est donc pas pour demain. Mais les professionnels misent sur une nouvelle baisse du taux de dépôt dès la réunion du 6 mars, le portant à 2,5 %, soit très proche du taux neutre recherché.

Toutefois, certains restent plus prudents compte tenu de la hausse de l’inflation ces trois derniers mois : 2,4 % en décembre, 2,2 % en novembre contre 2 % en octobre. « Malgré une inflation globale un peu plus soutenue, l’atonie de l’économie de la zone euro ainsi que la forte conviction de la BCE que l’inflation reviendra à l’objectif ont motivé la baisse des taux d’intérêt », affirme Carsten Brzeski chez ING.

Face à cette incertitude, la présidente de la BCE reste prudente et refuse de s’engager « à l’avance sur une trajectoire de taux particulière » et privilégie « approche s’appuyant sur les données ».

Objectif : taux neutre

Ce seront donc les indicateurs du début d’année qui feront pencher la balance, dont les chiffres de l’inflation de janvier et février. De plus, les mises à jour des prévisions trimestrielles des économistes de la BCE apporteront probablement un éclairage sur la trajectoire à suivre, notamment sur la notion floue de « taux neutre ». Cette notion théorique, au cœur des débats, constitue le point d’équilibre qui n’accélère pas et ne ralentit pas la croissance. Petit bémol : il ne peut se calculer qu’a posteriori.

« Depuis la fin de 2023, les estimations du taux neutre réel sont comprises entre -0,75 % et +0,50 % », rappelle Frederik Ducrozet. « La nouvelle étude ne devrait pas donner un point de vue très différent, mais plus nous nous rapprochons de la neutralité, plus il est probable que des divergences de vues s’expriment, ce qui alimentera la volatilité des prix du marché pour le taux final ».

À ce moment, la BCE devra décider si elle opte pour une politique accommodante, avec des taux directeurs en dessous des estimations du taux neutre, ou pas. Cette décision doit, toutefois, tenir compte d’imprévus et d’inconnus comme la politique de Donald Trump à l’égard de l’Europe. Rien ne semble donc acquis.

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