
Le gouvernement a annoncé l’ajustement du coefficient d’énergie primaire de l’électricité dans le diagnostic de performance énergétique (DPE) de 2,3 à 1,9. Vivement critiquée par les experts de la rénovation énergétique et les associations de locataires, cette décision permet à 850 000 logements d’être à nouveau disponibles à la location sans effectuer de travaux de rénovation.
La controversée révision du mode de calcul du DPE
C’est une lueur d’espoir pour le marché de l’immobilier locatif en mauvaise passe. Après avoir essuyé plusieurs déconvenues face aux propositions de loi retoquées par le Parlement, le gouvernement a changé son fusil d’épaule. Le Premier ministre, François Bayrou, a annoncé une modification du calcul du coefficient de conversion à l’électricité intégré au diagnostic de performance énergétique (DPE). Cet indice calcule la consommation réelle d’un logement à partir des relevés et factures influençant donc la note du DPE. À partir du 1er janvier 2026, il passera de 2,3 à 1,9 rendant plus favorable la note finale pour les logements équipés de chauffages électriques.
Dans un communiqué, le gouvernement assure que cette « évolution permettra de mieux refléter la réalité du mix énergétique français, largement décarboné grâce au nucléaire, et de corriger une inégalité de traitement pénalisant jusqu’ici les logements chauffés à l’électricité ». Dans un contexte de restriction budgétaire, il souligne également que « cette décision permettra par ailleurs de cibler plus efficacement les aides à la rénovation énergétique sur les logements chauffés aux énergies fossiles ».
Au total, selon Matignon, 850 000 logements classés F ou G sont concernés par un changement de note de DPE suite à cet ajustement. Des experts estiment plutôt 350 000 logements réellement concernés.
Le soulagement du secteur de l’immobilier
« C’est une mesure de justice énergétique et de cohérence écologique. Elle permet de corriger une distorsion technique qui ne tenait pas compte des réalités de notre mix électrique français, faiblement émetteur de gaz à effet de serre », se félicite Loïc Cantin, président de la FNAIM.
Les professionnels du secteur de l’immobilier saluent donc cette avancée qui pourrait donner un coup de boost au marché locatif, mais qui viendrait aussi revaloriser les biens immobiliers anciens en vente. « Cette réforme apporte davantage d’équité, en corrigeant les biais qui pénalisaient notamment les logements chauffés à l’électricité », explique le directeur exécutif du réseau Era immobilier, Eric Allouche.
Les associations et spécialistes montent au créneau
En revanche, les spécialistes de la rénovation énergétique s’insurgent et accusent le gouvernement de manipuler politiquement les chiffres sans tenir compte de la réalité des logements. « C’est un scandale, le gouvernement a de nouveau manipulé politiquement les chiffres du DPE et changé brutalement les règles sans tenir compte des réalités du terrain », affirme Ruben Arnold, dirigeant d’une start-up spécialisée dans la vérification de la fiabilité des DPE.
Les associations représentantes des locataires pointent du doigt une réforme socialement injuste et contre-productive pour l’environnement. « Changer les règles du DPE ne rénove aucun logement, ne baisse aucune facture, n’améliore aucun confort. Ce n’est pas le coefficient Ep/Ef qu’il faut modifier, ce sont les logements qu’il faut rénover. Ce n’est pas en cassant le thermomètre que l’on soigne la fièvre », dénonce Jean-Charles Colas-Roy, président de l’association Coénove.
Ce qu’il faut retenir :
- Le gouvernement décide de modifier le mode de calcul d’un coefficient du DPE permettant à des passoires énergétiques d’être à nouveau sur le marché locatif.
- Le secteur de l’immobilier accueille cette mesure avec soulagement dans un contexte de crise du logement.
- Les experts de la rénovation énergétique, soutenus par les associations de locataires, dénoncent un tour de passe-passe politique dommageable sur les plans social et environnemental.
Pour aller plus loin :
- Pour approfondir le sujet, rendez-vous sur la page dédiée du ministère de la Transition écologique
- S’informer en matière d’Immobilier
- Retrouver l’article d’origine sur Les Échos