Pénurie de logements, une urgence mondiale

13/01/2025

Priorité numéro un des ménages, l’accès au logement devient de plus en plus difficile dans de nombreux pays. Le Fonds monétaire international (FMI) parle de la pire crise mondiale depuis plus de dix ans. Un phénomène qui trouve racine dans des causes multiples. Analyse.

Détérioration de l’accessibilité au logement

En décembre dernier, le Fonds monétaire international (FMI) a publié une étude dans sa revue trimestrielle « Finances and Développement », mesurant l’accessibilité au logement dans 40 pays. A partir d’un indice fonction des taux de prêts hypothécaires, il ont comparé les prix des logements dans les différents pays. Le constat est alarmant et révèle une forte détérioration de l’accessibilité au logement ces deux dernières années. « Au cours des dix dernières années, le coût d’un logement dans les pays de l’OCDE, pour la plupart à haut revenu, a augmenté de 37 % en termes réels, selon les indicateurs analytiques des prix de l’immobilier de l’organisation. Les prix ont grimpé de 16 % en moyenne par rapport aux revenus », détaille le FMI sur son site internet.

Autre signe révélateur d’une véritable crise : la proportion de jeunes, âgés de 25 à 34 ans, vivant encore chez leurs parents. Une étude d’Eurofound montre qu’au sein de l’Union européenne, ce taux est en hausse : 27% en 2022 (contre 24% en 2017). Aux États-Unis, ce serait un adulte sur 3 qui vit encore avec l’un de ses parents. Partout dans le monde, acheter ou de louer un bien immobilier est devenu un véritable problème.

Dans l’étude du FMI, l’indice permet à la fois de comparer les pays entre eux, mais également de noter l’évolution de l’accessibilité au logement dans le temps pour un même pays. Concrètement, plus l’indice est supérieur à 100, plus l’accès au logement est facile. Pour les États-Unis, l’indice, à 150 en 2021, est désormais à 85 en 2024. Au Royaume-Uni, il est passé de 105 à 70 en trois ans. La même évolution a été notée en Autriche, au Canada, en Pologne ou encore au Portugal et en Turquie.

La hausse des prix de l’immobilier en cause

Si la pandémie de Covid-19 et le retour de l’inflation sont venus aggraver la crise déjà installée, ce sont davantage les prix et les taux d’intérêt trop élevés qui empêchent les jeunes d’accéder au logement. « Le problème s’est aggravé ces dernières années. Depuis 2010, les prix des logements dans l’UE ont augmenté de 47 % et les loyers de 18 %, soit plus vite que l’inflation », expliquent Elizabeth Kuiper et Javier Carbonell, de l’European Policy Centre. Aux États-Unis, le constat est le même. Depuis le début de la pandémie, les prix ont augmenté de plus de 50 % et les taux hypothécaires ont presque doublé.

Source :

« En Europe, la crise va durer. Alors que la plupart des grandes villes européennes voient leur population augmenter, excepté à Paris, les stocks disponibles pour le logement sont en recul. Et la création de nouvelles surfaces prend entre deux et quatre ans », explique Fabrice Lombardo, directeur des activités immobilières au sein de Swiss Life Managers.

Logements : une crise inégalitaire

Outre sa généralisation sur le globe, la crise du logement vient créer des tensions entre générations et classes sociales. La difficulté de se loger touche en priorité deux groupes de populations : les jeunes et les pauvres. Dans le cadre de l’enquête de l’OCDE, « 60 % des personnes âgées de 18 à 39 ans interrogées ont déclaré être préoccupées par l’accessibilité financière au logement, contre 38 % des personnes âgées de 55 à 64 ans ».

« Aujourd’hui, le logement fonctionne comme un impôt régressif sur les jeunes et les pauvres, qui paient des propriétaires plus âgés et plus riches pour un logement », détaillent Elizabeth Kuiper et Javier Carbonell. Si la présidente de la Commission européenne entend « remédier à ce problème de toute urgence, en aidant les États membres à s’attaquer aux facteurs structurels et en débloquant les investissements publics et privés en faveur de logements abordables et durables », la situation, si elle ne s’améliore pas rapidement, pourrait créer des failles importantes dans le système politique européen et les valeurs qu’il porte, créant une opportunité pour les partis extrémistes.

Pour aller plus loin :