L’Insee publie une étude sur les inégalités de patrimoine en France. Le constat est sans appel : les inégalités se sont accentuées au cours des 20 dernières années, malgré un système plus redistributif.
Des inégalités de patrimoine en hausse

Dans un contexte d’effort national pour redresser les finances publiques, l’Insee publie une étude importante : « Revenus et patrimoine des ménages ». Elle dresse un rapport sur l’évolution des inégalités de patrimoine au cours des vingt dernières années. Conclusion, les inégalités de patrimoine se creusent et sont plus importantes que les inégalités de vie, qui sont amorties par le système de redistribution français.
Selon l’Insee, seulement trois personnes sur dix ont reçu un héritage au cours de leur vie et 13 % une donation. « En 2021, le patrimoine des Français est très inégalement réparti », constate Aurélie Goin, cheffe de la division logement et patrimoine de l’Insee. Cette année-là, les 10 % les plus modestes possédaient un patrimoine de moins de 4 400 euros contre plus de 716 300 euros pour les 10 % les mieux dotés.
L’immobilier continue de représenter le premier poste (62 % du patrimoine) et la part des propriétaires est restée stable au cours des 20 dernières années (environ 58 %). Toutefois, la flambée des prix du mètre carré, observée ces dernières années, a contribué à booster les inégalités de patrimoine. L’étude de l’Insee confirme que les seniors sont dans une situation plus favorable que les autres classes de la population en matière de patrimoine.

Une amélioration de la redistribution
En 2022, 50 % des Français vivent avec plus de 24 336 euros par an, soit 2 028 euros par mois pour une personne seule. Par rapport à 1996, le niveau de vie médian a progressé de 24 %.
L’étude souligne l’importance des mécanismes de redistribution dans la réduction des inégalités en France. Ainsi, en 2021, le niveau de vie plancher des 10 % les plus aisés est 3,41 fois supérieur au niveau plafond des 10 % les plus modestes. Ce ratio est sensiblement le même qu’en 2001 (3,39). L’amplification des mesures de redistribution a réduit les inégalités selon l’Insee. En 2021, les inégalités étaient de 42 % contre 32 % en 2001.
« Même pendant les crises, le niveau de vie des Français s’est maintenu », souligne Anne Jaubertie, cheffe de la division revenus des ménages de l’Insee. Autre indicateur des inégalités, l’indice de Gini qui mesure le niveau d’inégalités entre 0 (pour une société égalitaire) et 1 (pour une société inégalitaire) s’est stabilisé à 0,294 en 2021 et 2022, durant la pandémie de Covid-19. Il s’agit d’un niveau qui avait été observé dans les années 2010, durant la crise financière.
Une pauvreté installée et plus élevée
En 2021, 14,5 % de la population française vivait sous le seuil de pauvreté avec moins de 1 158 euros par mois pour une seule personne. Ce taux mis en avant dans l’étude est le plus haut observé au cours de 25 dernières années.
Cette évolution s’explique, en partie, par l’intégration par l’Insee, dans sa dernière étude, de populations qui n’étaient jusqu’à présent pas prises en compte dans les statistiques sur la pauvreté, notamment des personnes vivant à Mayotte, dans des habitations mobiles ou dans les Ehpad et les foyers.
Sans surprise, le taux de pauvreté est plus élevé dans les zones urbaines. L’étude montre également que les chômeurs, les familles monoparentales et les familles nombreuses sont les plus exposées à la pauvreté. Le rapport dénombre entre 2 et 2,2 millions de personnes en situation de grande pauvreté début 2022, c’est-à-dire vivant avec moins de 960 euros par mois et subissant des privations matérielles et sociales sévères.
La France, bonne élève sur les inégalités
Si les inégalités persistent en France, les comparaisons internationales montrent que le sentiment est plus prégnant que la réalité. À l’échelle de l’OCDE, la France se situe au même niveau que l’Allemagne et présente les niveaux d’inégalités les plus faibles.
À titre de comparaison, les inégalités en Italie ou en Espagne sont « 25 % à 40 % plus élevées », selon l’Insee. À l’inverse, les inégalités en France restent plus fortes que dans les pays scandinaves et que dans certains pays de l’Est.
Pour aller plus loin :
- Lire l’étude de l’Insee
- S’informer en matière d’Immobilier
- Retrouver l’article d’origine sur Les Echos