Reprise par François Bayrou pour diminuer le déficit public, la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR) sera finalement appliquée aux revenus 2025, selon un système d’acompte. La proposition de contribution sur le patrimoine reste, pour le moment, à l’étude.
Hauts revenus : Bayrou dans les pas de Barnier
Un pas en arrière, deux pas en avant. Après avoir expliqué aux contribuables que les plus aisés ne seront pas visés cette année par la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR), le Premier ministre, François Bayrou, a finalement changé d’avis. Pendant son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale, il avait déclaré : « Cette taxe ne peut pas être mise en application en 2025 parce qu’il n’y a pas de rétroactivité. Ceci est un point certain ».
Pourtant, selon lui, il est juridiquement possible de faire payer un impôt minimal de 20 % aux Français les plus riches. Une information que confirme Matignon : « Le dispositif est inscrit dans le projet de loi de finances, dont l’examen reprend au Sénat. Nous n’y renonçons pas. La CDHR s’appliquera aux revenus de 2025, avec un système d’acompte pour garantir les recettes sur l’exercice en cours ». Une opération fiscale qui rapporterait 2 milliards d’euros sur l’année 2025.
Le retour de la CDHR est donc bien prévu, mais temporaire. À terme, l’idée du gouvernement est de créer une « taxe anti-optimisation pour les hauts patrimoines » qui devrait intervenir dans le budget 2026.

Moins de 25 000 contribuables concernés
Envisagée par le gouvernement Barnier, la CDHR crée un seuil d’imposition minimum de 20 % pour les foyers aux plus hauts revenus, dont le revenu fiscal de référence (RFR) dépasse 500 000 euros pour un couple (soit 250 00 euros pour une personne célibataire). Moins de 25 000 contribuables seraient concernés par la CDHR en 2025. Ces derniers devront donc vérifier si la somme des impôts dont ils s’acquittent déjà est inférieure ou non à 20 % (impôt sur le revenu, contribution exceptionnelle sur les hauts revenus, prélèvement forfaitaire unique, etc.). Si cette somme est inférieure au seuil fixé, le contribuable devra payer la différence à l’administration fiscale.
La non-rétroactivité des mesures fiscales empêche le gouvernement d’appliquer la CDHR sur les revenus de 2024, étant donné que le projet du budget n’a pas été voté à temps. En revanche, le gouvernement prévoit bien son application pour 2025 avec acompte. Concrètement, les contribuables concernés devront estimer leurs revenus de 2025 avant la fin de l’année 2025, afin qu’ils versent un acompte à l’administration fiscale. Par la suite, le montant dû sera éventuellement corrigé en 2026.
Les foyers concernés percevant notamment des revenus du capital devraient être davantage impactés par cette nouvelle mesure fiscale. En effet, les revenus du capital (dividendes, plus-values, …) sont, depuis 2028, soumis à la Flat Tax de 30 %, à raison de 17,2% de prélèvements sociaux et 12,8% d’impôt. L’instauration de la CDHR à 20% pour ces foyers revient à relever le seuil de la Flat Tax à 37,2 %. Une manière efficace de passer au-dessus d’un simple relèvement de la Flat Tax à 35 %, comme évoqué par Eric Lombard, le ministre de l’Économie.
Pour aller plus loin :
- Lire l’amendement dédié du projet de loi de finances 2025
- S’informer en matière d’Impôt sur le revenu
- Retrouver l’article d’origine sur Les Echos