La note des Etats-Unis dégradée à AA

26/05/2025

L’agence de notation Moodys a modifié la note souveraine des États-Unis de AAA à AA1. C’est la première fois depuis 1919 que la célèbre agence dégrade les États-Unis. La cause de cette décision : les incertitudes croissantes autour du financement à moyen et long termes de la dette américaine.

Comme ses concurrentes l’avaient anticipé, l’agence de notation Moodys a dégradé la note de la dette américaine. Cette décision s’appuie sur la situation actuelle de la dette américaine.

Pourquoi l’agence de notation Moodys dégrade la note américaine ?

Avec une dette qui frôle 37 000 milliards de dollars, le déficit public américain est estimé à 7 % du PIB. Le plafond de la dette actuel n’autorise pas de nouvelles dépenses. Or, les États-Unis pourraient être en défaut de paiement si le relèvement du plafond de la dette n’est pas voté au Congrès avant les vacances parlementaires, le 24 juillet prochain.

Or, la Chambre des représentants a adopté le projet budgétaire intégrant les deux grandes baisses d’impôts promises par Donald Trump (le 2017 Tax Act). Le Sénat doit se prononcer sur ce texte dans les prochaines semaines, mais certains sénateurs ont déjà fait savoir que le texte serait revu par la chambre haute. Ce qui ne contribue pas à rassurer les marchés déjà en proie à l’incertitude.

La dette croissante des États-Unis inquiète

L’agence de notation Moodys ne s’en tient pas à l’incertitude autour du vote du projet budgétaire pour justifier sa dégradation. Elle estime que la dette des États-Unis devraient se creuser d’environ 2 points de pourcentage supplémentaires d’ici 2035 (soit 9 % du PIB).

De son côté, le think tank Committee for a responsible Federal Budget (CRFBB) prévoit une augmentation du déficit américain de 1,5 point d’ici 2027.

Les mauvais calculs de l’administration Trump

Pour comprendre la dégradation de la notation des États-Unis, il faut analyser le budget de l’État fédéral. Pour limiter le creusement du déficit budgétaire, les dépenses doivent être inférieures (ou égales) aux recettes estimées. Et c’est ici que la bât blesse.

Des dépenses en hausse

Le projet budgétaire « One big beautiful bill » (OBBB), porté par le président américain, prévoit d’augmenter les dépenses de 400 milliards de dollars, mais aussi de nombreuses exemptions de taxes estimées à 1 500 milliards de dollars ainsi que l’application des baisses d’impôt votées en 2017. Soit environ 4 000 milliards de dollars à financer, selon le Congressional Budget Office (CBO).

Zoom sur « One big beautiful bill » (OBBB)

Le « OBBB » de Donald Trump prévoit :

  • le prolongement des crédits d’impôt de son premier mandat ;
  • de nouvelles exonérations fiscales (pourboires, heures supplémentaires, etc.) ;
  • un nouveau programme d’épargne (« Trump Account ») ;
  • des coupes massives dans les dépenses sociales ;
  • de nouvelles dépenses pour la Pentagone ;
  • la reprise de la construction du mur à la frontière mexicaine.

Des financements surestimés

Côté recettes, les économies de dépenses, menées par Elon Musk et le DOGE, n’ont dégagé que 150 milliards de dollars.

Les recettes attendues par la hausse des droits de douane, véritable raison de la guerre commerciale initiée par Donald Trump, ne seraient pas aussi importantes qu’envisagées. Selon les experts de Candriam, société de gestion d’actifs, le taux universel de 10 % et les droits de 60 % appliqués sur la Chine généreraient seulement 2 700 milliards de dollars. Des estimations peu probables puisque la Maison blanche n’a pas terminé ses négociations avec la Chine sur le taux à appliquer. En somme, les financements resteront bien inférieurs aux 1 500 milliards de dollars d’économies promises durant la campagne électorale.

De plus, le financement du déficit américain dépend du soutien de plusieurs pays, récemment malmenés par le président américain, comme le Japon, la Chine, le Canada ou encore le Royaume-Uni. La tension croissante entre les États-Unis et ses partenaires financiers n’est pas un atout pour l’administration Trump.

Quelles sont les conséquences d’une crise de la dette américaine ?

La dégradation de la note américaine alerte sur une possible crise de la dette. Les conséquences d’une crise seraient multiples :

  • une forte tension sur les rendements obligataires.
  • la charge de la dette pourrait être multipliée par 3 entre 2017 et 2030 selon les estimations.
  • un effet boule de neige sur les marchés financiers : la perte de confiance des investisseurs impacte les marchés financiers outre-Atlantique, mais également à l’échelle mondiale. Pour rappel, la mondialisation de l’économie et de la finance crée une interconnexion des marchés.

Ce qu’il faut retenir

  • La dette américaine a atteint un niveau critique obligeant l’agence de notation Moodys à dégrader les États-Unis de AAA à AA1.
  • Le vote du « OBBB » au Congrès pourrait impacter durablement l’évolution de la dette américaine.
  • Une crise de la dette américaine impacterait tous les marchés financiers.

Pour aller plus loin :