Alors que la crise politique s’endigue en France, le CAC 40 semble tracer son chemin sans tenir compte des remous… en apparence. S’il se perd dans des grands indices mondiaux en bonne santé, le décrochage est réel. Les investisseurs ont déjà intégré dans leur stratégie la situation actuelle. Voici pourquoi le CAC 40 semble tenir bon.
La crise politique impacte les performances boursières
Pendant qu’Emmanuel Macron redistribue les cartes pour former, encore une fois, un nouveau gouvernement, l’indice phare de la Bourse de Paris, le CAC 40, a repris 2 % début décembre et a poursuivi sur sa lancée. Un soulagement pour les marchés financiers , après le pic atteint par le « spread » (écart) entre les taux d’emprunts d’Etat allemands et français. Le 3 décembre, l’indice parisien a même ouvert en hausse de 1 % pour atteindre le 7 300 points. La bourse fait-elle fi des rebondissements qui bouleversent la situation politique française ?
Il faut aller au-delà des apparences et des quelques points de pourcentage gagnés pour s’apercevoir que le risque politique impacte les performances boursières. Le vote de la censure a poussé les investisseurs à croire que le budget allait être reconduit sans modifications et donc sans hausse d’impôt pour les entreprises (comme prévu dans le projet actuel de la loi de finances pour 2025). Cette confiance n’a pour effet qu’un rebond de court terme. Sur le long terme, les performances sont plus ternes. Depuis le début de l’année, le CAC 40 recule de 3,5 %. La crise politique a donc un effet direct sur les performances de l’indice parisien.
CAC 40 : le rebond après la baisse
En regardant le tableau dans son ensemble, sur un temps plus long que les dernières semaines, on observe que, depuis la dissolution, le CAC 40 a décroché de 10 %. Si l’indice gagne quelques points de pourcentage, il reste actuellement à son niveau le plus bas depuis le mois d’août. Conséquence, depuis 6 mois, les investisseurs ont eu le temps de réajuster leur stratégie et intégrer le risque politique dans les valorisations des valeurs boursières. Après la longue baisse, l’indice a eu le temps de se réajuster. Il est donc désormais dans sa phase de rebond.
Malgré l’anticipation, la décote du CAC 40 reste sensible si on la compare aux autres indices. Il se paye 13,71 fois les bénéfices contre près de 15 fois les bénéfices pour le DAX allemand et 25 fois pour le S&P 500 aux Etats-Unis. Conclusion, la Bourse de Paris n’est pas en grande forme par rapport aux marchés mondiaux qui, eux, se portent bien. Par exemple, le DAX a récemment enregistré un nouveau record historique, malgré la récession et la crise du secteur automobile. De l’autre côté de l’Atlantique, l’élection de Donald Trump et ses promesses de baisse d’impôts ont boosté le S&P 500. Le président de la Fed, Jerome Powell a déclaré que l’économie américaine « se porte remarquablement bien ».
Le soulagement, côté marchés, pourrait être de courte durée. Selon les analystes de Banque Richelieu, « La paralysie politique ne permettra pas de réformes structurelles, notamment en ce qui concerne son système de retraite. Le pourcentage élevé de la dette française détenue par des investisseurs étrangers fait que le temps presse ». Les agences de notation ont rappelé que la crédibilité de la France en matière de finances publiques était sévèrement chahutée par la chute du gouvernement.
Des géants boursiers décorrélés de l’économie française
Au sein du CAC 40, quelques valeurs peuvent poursuivre leur chemin et se permettre d’omettre l’instabilité politique. Ces valeurs sont adossées à une activité lucrative dont les performances dépassent le simple contexte français. Par exemple, Safran a gagné 40 % depuis le début de l’année grâce à la maintenance des moteurs Airbus et Boeing. De même, Schneider Electric, dynamisé par le développement de l’intelligence artificielle, engrange 34 % pour 2024. Airbus s’attend à atteindre ses objectifs de livraison gagnant ainsi 11 % en 5 séances boursières.
En allant plus loin encore, on peut dire que certaines valeurs sont davantage influencées par le contexte de certains autres pays. Les valeurs de luxe telles qu’Hermès et LVMH ont remonté depuis l’élection de Donald Trump, respectivement 4 % et près de 7 %. Ces valeurs jouent un rôle important pour l’indice de la Bourse de Paris. Cette vigueur des valeurs de luxe s’explique par la hausse du dollar. En Chine, la publication des derniers indices laisse entrevoir un rebond de croissance pour le géant économique, ce qui pourrait stimuler les valeurs du luxe et booster, une fois de plus, le CAC 40.
Pour aller plus loin :
- Pour en savoir plus sur la composition du CAC 40
- S’informer en matière de Marchés financiers
- Retrouver l’article d’origine sur Les Echos