La Banque Centrale Européenne a créé la surprise en annonçant une nouvelle baisse de son taux de dépôt avant le mois de décembre.
Taux : troisième baisse consécutive
La BCE passe la troisième. Lors de son déplacement, à Ljubljana, jeudi 17 octobre, la Banque centrale européenne (BCE) a entériné l’accélération de la baisse des taux d’intérêt. Un assouplissement de la politique monétaire qui n’était pas envisagé avant le mois de décembre.
La troisième baisse de 25 points de base des taux directeurs porte le taux de dépôt à 3,25 %, le taux de facilité de refinancement à 3,4 % et celui de la facilité de prêt marginale à 3,65 %.
Une décision unanime
En plus d’être inattendue, cette décision est une première depuis 2011. L’institut de Francfort n’avait jamais assoupli les taux lors de deux réunions consécutives. Cette fois, c’est « une décision unanime » qui a encouragé la présidente de la BCE a opté pour une nouvelle baisse. L’augmentation de la cadence des baisses des taux est soutenue par plusieurs facteurs : l’évolution de l’inflation et le ralentissement de la croissance.
L’inflation a dépassé les prévisions des économistes de Francfort. Pour la première fois, en trois ans, elle s’est établie à 1,7 %, sous la barre de la cible de 2 %. Dans le secteur des services, où l’inflation reste généralement plus élevée, la barre des 4 % a été passée. « Ces chiffres ont renforcé notre confiance dans le fait que le processus de désinflation était en bonne voie », a confirmé la présidente de la BCE, Christine Lagarde.
Une économie plus faible que prévu
Face à la décision de la BCE, certains experts soulèvent, cependant, le risque d’un ralentissement de la hausse des prix. Un phénomène qui pourrait pénaliser la croissance qui montre déjà des signes de faiblesse, selon les indices PMI de septembre.
« L’économie est un peu plus faible que prévu. Les dernières données indiquent une croissance plus lente », affirme Christine Lagarde. La BCE ne reste donc pas sourde au ralentissement de la croissance. Des craintes qui sont partagées par la Réserve fédérale outre-Atlantique.
« Même si les salaires réels restent relativement élevés, le risque d’une spirale prix salaires est négligeable, analyse Christophe Boucher, chez ABN AMRO IS. En effet, les entreprises ne peuvent pas se permettre d’augmenter leurs prix alors que la consommation reste très molle dans la zone euro ». Cette dégradation devrait donc contribuer à réduire les pressions inflationnistes.
Une chute de l’inflation temporaire
Si les marchés s’interrogent déjà sur le calendrier des prochaines baisses des taux d’intérêt, la présidente de la BCE a réaffirmé son intention de ne pas « se lier les mains » dans ses décisions.
Christine Lagarde a affirmé que « l’inflation devrait augmenter au cours des prochains mois, avant de retomber à son niveau cible dans le courant de l’année prochaine ». De plus, la BCE reste attentive à l’évolution de la situation géopolitique au Moyen-Orient.
Toutefois, cette réserve face à l’évolution des taux n’est pas partagée par les investisseurs. Les propos de la présidente de la BCE les ont incités à revoir leur pari sur de nouvelles baisses des taux, dont la probabilité augmenterait. En conséquence, face au dollar, la devise européenne a atteint son niveau le plus bas depuis le mois d’août (1,023 euro pour un dollar).
Pour aller plus loin :
- Lire le résumé de la conférence de presse de la BCE du 17 octobre
- S’informer sur les Marchés Financiers
- Retrouver l’article d’origine sur Les Echos