ISF-IFI : quel est le bilan un an après la réforme ?

06/12/2018

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ISF-IFI : quel est le bilan un an après la réforme ?

En remplaçant l’Impôt Sur la Fortune (ISF) par l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI), Emmanuel Macron espérait alléger la taxation du patrimoine et ainsi encourager l’investissement dans les PME. Or un an après l’entrée en vigueur de cette réforme, le compte n’y est pas. En effet, en 2017, l’ISF avait concerné 358 198 redevables et rapporté 4,2 milliards d’euros. Or, en 2018, l’IFI aurait touché trois fois moins de contribuables et n’aurait rapporté que 1,1 milliard d’euros. Si les contribuables les plus aisés ont ainsi vu leur facture allégée de 3,1 milliards d’euros, beaucoup se demandent où est passé cet argent ?

Pas assez de recul

Si le mouvement des gilets jaunes a fortement contesté la réforme de l’ISF et remis en question l’instauration de l’IFI, d’autres s’interrogent sur son efficacité. Plusieurs politiques, comme le député LREM, Bruno Bonnell, ont avancé l’idée d’un réaménagement de ce nouvel impôt. « Il n’est pas question de réclamer le retour de l’ISF, mais de faire le point de son effet sur l’économie pour voir si des correctifs sont nécessaires » a t-il déclaré au journal La Croix.

Alors que dans un premier temps, le gouvernement avait ignoré ces remarques, il a fini par accepter de dresser un bilan du rendement de l’IFI d’ici l’année prochaine. Pour l’heure, le ministère de l’Économie estime qu’il est trop tôt pour juger de l’efficacité de cette réforme. « Bruno Le Maire s’est engagé à faire un bilan de notre politique économique. L’ISF en fera partie, mais cela ne fait que quelques mois que la mesure est en vigueur, il n’y a donc évidemment pas assez de recul pour juger », aurait déclaré un conseiller.

En attendant, chacun y va de son argument. Si certains déplorent que cette réforme ait encouragé les placements dans l’assurance-vie ce qui ne profite pas à l’économie du pays, d’autres tentent de souligner que plusieurs PME ont déjà pu bénéficier d’une hausse des investissements grâce à l’IFI. La ministre du travail, Muriel Pénicaud, qui avait annoncé que la suppression de l’ISF et l’instauration de l’IFI lui permettrait d’économiser 49 000 €, s’est même félicitée d’avoir « doublé la mise en investissant 100 000 € dans un fonds finançant l’économie sociale et solidaire ».

Une réforme qui ne convainc pas

À l’origine, cette réforme devait permettre un meilleur financement des PME. Pour commencer, le gouvernement espérait convaincre les grandes fortunes de rester en France et faire revenir les exilés fiscaux. Ensuite, en ne se basant que sur le patrimoine immobilier pour calculer ce nouvel ISF, il voulait encourager et récompenser les contribuables les plus aisés qui investiraient leur épargne dans les entreprises.

Or, les professionnels du secteur financier ne semblent pas convaincus par ces objectifs.
Tout d’abord, Benoist Lombard, président de la Chambre nationale des conseils en gestion de patrimoine, a expliqué au journal La Croix, que l’instauration de l’IFI n’allait pas forcément augmenter les liquidités des plus aisés. Quant à ceux qui auraient réussi à épargner un peu d’argent avec la suppression de l’ISF, il ne pense pas qu’ils vont se tourner vers les start-up ou les PME. « Beaucoup d’anciens assujettis étaient des ménages de retraités. Il serait absurde de leur conseiller des investissements risqués, dont l’horizon de rentabilité est 8 ou 10 ans », a t-il expliqué.

De même, selon un économiste de l’OFCE, « il est facile de voir ce que les moins aisés font lorsqu’ils bénéficient d’un surcroît de pouvoir d’achat : en général, ils le consomment. Pour les plus aisés, c’est plus complexe, car ils peuvent consommer, mais aussi épargner ou investir dans des proportions très différentes selon leur situation individuelle ».

Pour le moment, il semble donc difficile de savoir où sont passés précisément les 3 milliards d’euros de l’ISF. Il va falloir prendre encore un peu son mal en patience en attendant de pouvoir faire un bilan concret et réaliste de la suppression de l’ISF et de l’instauration de l’IFI.

Pour aller plus loin :

  • Retrouver l’article d’origine sur La Croix