Après une timide reprise, le marché immobilier pourrait ralentir à nouveau, notamment en raison des incertitudes politiques et économiques de cette rentrée. Analyse.
Contexte politique et économique incertain

Faux départ pour le marché de l’immobilier. Après un été en demi-teinte, la rentrée s’annonce difficile. L’annonce de François Bayrou, Premier ministre, de solliciter le vote de confiance de l’Assemblée nationale, le 8 septembre prochain, donne le ton : rien n’est acquis. Après la dissolution de l’Assemblée nationale, au mois de juin 2024, une nouvelle période d’incertitudes s’ouvre en France, au moment où la dette publique atteint des records.
Quel impact sur le marché de l’immobilier ? Le contexte anxiogène et l’annonce de l’organisation de mouvements sociaux, le 10 septembre prochain, créent des tensions sur les marchés financiers et immobiliers. « L’instabilité est catastrophique. Elle risque de toucher fortement le marché immobilier. L’activité peut vite se dégrader si la situation ne se règle pas rapidement, car nous n’en sommes pas au premier coup d’alerte politique », analyse Loïc Cantin, le président de la Fédération nationale des professionnels de l’immobilier (FNAIM). Certains, comme le président du réseau Laforêt, redoutent même un nouvel épisode « gilets jaunes », susceptible de générer une importante chute des transactions.
Le coût du crédit sous pression
La décision du vote de confiance et l’incertitude qui entoure l’examen du budget sont autant de signaux peu avenants pour le crédit. Dans la foulée de l’annonce de François Bayrou, les coûts de l’emprunt de l’État français ont subi une brusque hausse : l’OAT (obligation assimilable du Trésor) à 10 ans est autour de 3,5 %, contre 3,2 % à l’été. Indicateur-clé des banques pour fixer les taux d’intérêt des crédits immobiliers, il risque de continuer sa hausse en cas de crise politique. Une mauvaise nouvelle pour les emprunteurs qui envisagent un projet immobilier à la fin de l’année.
« Le rebond de l’OAT met mécaniquement la pression sur les taux immobiliers, explique Pierre Chapon, fondateur de Pretto. Les banques, déjà prudentes à la veille de la rentrée, profitent de ce contexte pour resserrer leurs conditions. C’est un signal clair : l’époque des décotes et des taux avantageux pour les meilleurs profils touche à sa fin ».
Un marché porté par les grandes villes
D’autres spécialistes du secteur immobilier sont plus optimistes pour les prochains mois. « Même si le crédit se renchérit avec des taux immobiliers moyens entre 3,25 % et 3,5 % à la fin de l’année, l’activité ne devrait pas rechuter », estime Thomas Lefebvre, vice-président data et science de Se Loger-Meilleurs Agents. L’expert de la vente immobilière envisage environ 925 000 transactions en 2025, soir une hausse annuelle de 8 % environ. A l’été, le marché immobilier a repris des couleurs : +17 % de projets d’achat, +12 % de ventes et +11 % de mandats de vente, selon les chiffres du réseau Laforêt. En huit mois, le prix moyen pour se loger progresse de 1,3 %, soit 3 119 euros par mètre carré.
Cette timide reprise se doit essentiellement au dynamisme des grandes villes françaises et leurs périphéries. Le directeur du département « Opinion et stratégies d’entreprise » de l’Ifop, Jérôme Fourquet, parle ainsi d’un vaste « croissant fertile », dessiné autour des littoraux atlantiques et méditerranéens, en passant par les vallées de la Garonne et du Rhône et l’Ile-de-France.
Par ce terme, il englobe les territoires démographiquement dynamiques depuis plusieurs décennies créant des pôles d’attractivité pour le secteur immobilier. « Ils concentrent une forte part de logements récents, explique-t-il, attirent aussi bien des actifs en quête d’opportunités que des ménages en recherche de qualité de vie, un phénomène amplifié depuis la généralisation du télétravail ».
Evolution des prix dans les grandes villes
Ville | Évolution des prix (en %) |
Le Mans | +9,5 % |
Saint-Etienne | +8,6 % |
Angers | +5,8 % |
Nîmes | +5,1 % |
Bordeaux | +3,4 % |
Reims, Marseille | +3,1 % |
Toulouse | +2,9 % |
Paris | +2,3 % |
Strasbourg | -0,2 % |
Rennes | -1,8 % |
Le Havre | -3,8 % |
Grenoble | -3,9 % |
Ce qu’il faut retenir
- Les taux de crédit immobilier pourraient être revus à la hausse.
- L’instabilité politique pourrait être un frein à la reprise d’un marché immobilier encore vulnérable.
- Les grandes métropoles et leurs périphéries tirent leur épingle du jeu.
Pour aller plus loin :
- Pour comprendre les enjeux derrière le vote de confiance, lisez la fiche du site Vie publique.
- S’informer en matière d’Immobilier
- Retrouver l’article d’origine sur Les Echos