Crowdfunding : l’AMF alerte sur les risques de défaillance

25/06/2025

Présenté comme une forme d’investissement intelligente et engagée, le crowdfunding a le vent en poupe. L’Autorité des marchés financiers (AMF) pointe du doigt les risques encourus en cas de défaut du porteur de projet ou de cessation d’activité de la plateforme de financement participatif.

Cessation de deux acteurs majeurs du crowdfunding immobilier

Zone de turbulence pour le crowdfunding immobilier. Les récentes fermetures de deux acteurs du secteur, WeshareBonds fin 2024 et Koregraf en 2025, poussent l’Autorité des Marchés financiers (AMF) à rappeler les risques encourus par les investisseurs dans ce contexte

Koregraf, pionnier dans le financement participatif en immobilier en France, a séduit de nombreux investisseurs particuliers avec des rendements entre 8 % et 12 % sur des projets immobiliers à court terme. En avril dernier, l’entreprise a mis fin à son activité laissant près de 160 millions d’euros investis en attente de remboursement.

Lorsqu’une plateforme de financement met fin à ses activités, elle perturbe le suivi des investissements. Théoriquement, chaque prestataire de service de financement participatif, prévoit un plan de continuité (PCA) permettant de maintenir les fonctions essentielles (versements des remboursements, communication, …). Cependant, ce plan ne couvre pas l’ensemble des démarches relatives à la cessation d’activité, notamment les démarches de recouvrement. L’investisseur se retrouve alors seul face au porteur de projet. Il doit engager les démarches à ses frais, sauf si un représentant collectif a été nommé en amont.

La disparition de Koregraf n’implique pas la disparition des fonds, mais un changement de gestion. Trois sociétés indépendantes ont été désignées pour prendre le relais de l’entreprise de crowdfunding. Malgré cette transition, seule la moitié des projets portés par la plateforme seraient encore viables, l’autre moitié accuserait d’énormes retards ou serait déjà engagée des procédures judiciaires. Des scénarios qui pourraient engendrer des pertes pour les investisseurs.

Des risques de défaillance à ne pas négliger

La chute de Koregraf montre les fragilités du système. L’AMF rappelle que ce type d’investissement s’apparente à du capital-risque, car il s’agit généralement d’entreprises non-cotées, jeunes ou en phase de développement. Le rendement n’est jamais garanti, même sur des plateformes garanties. Malgré les règles strictes imposées par le gendarme des marchés financiers le risque zéro n’existe pas. La prudence est donc de mise.

Le gendarme des marchés financiers veut donc mettre en garde les investisseurs en rappelant les différents risques associés à l’investissement participatif :

  • Des risques financiers conséquents : perte totale ou partielle du capital investi, titres peu liquides ;
  • des rendements non-garantis : retards de paiement ou défaut de remboursement possibles ;
  • des frais supplémentaires à envisager : en cas de défaut, des frais de justice et de recouvrement peuvent s’ajouter ;
  • les conséquences d’une éventuelle cessation d’activité à ne pas négliger.

Financement participatif, une formule attractive

Souvent présenté comme une solution facile d’accès et rentable, le financement participatif (crowdfunding) ne laisse pas les investisseurs indifférents. Il faut dire que le crowdfunding a de nombreux atouts :

  • une variété de projets (immobilier, énergies renouvelables, innovation, entreprises, projets artistiques, etc.) ;
  • un panel de modes de financements (souscription d’actions ou d’obligations ou prêt) ;
  • une facilité de souscription, via des plateformes en ligne, appelées prestataires de services de financement participatif (PSFP).

Financement participatif : ce qu’il faut savoir

Le crowdfunding en chiffres

Depuis son émergence, il y a environ 10 ans, le crowdfunding a connu une progression considérable. Selon le baromètre du crowdfunding 2024 de Forvis Mazars et France FinTech, le financement participatif représentait :

  • 1,7 milliard d’euros collecté en France ;
  • 163 572 projets financés ;
  • 6 à 8 % des projets en retard ont terminé en procédure collective créant des pertes pour les investisseurs ;
  • le taux de retard de remboursement de plus de 6 mois était de 15 à 20 %.

Les questions à se poser avant d’investir dans le crowdfunding

  • Qui assure le suivi des projets si la plateforme ferme ?
  • Un représentant des investisseurs est-il prévu en cas de besoin ?
  • Quelles sont les modalités de recouvrement des fonds en cas de défaut ?
  • Les frais liés à ces démarches sont-ils clairement précisés ?

Ce qu’il faut retenir

  • Le crowdfunding immobilier est en perte de vitesse après la cessation de deux acteurs majeurs du secteur.
  • L’AMF alerte sur les risques de défaillance et les conséquences pour les investisseurs.

Pour aller plus loin :