Après quelques records, les marchés boursiers montrent des signes d’inquiétude face au brouillard qui entoure le dernier trimestre. À quoi faut-il s’attendre pour la fin de l’année ? Quelles stratégies adoptées ? Le point sur la situation.

Multiplication des signaux d’inquiétudes
Une hirondelle ne fait pas le printemps. Ni, en l’occurrence, l’hiver. Au troisième trimestre, les marchés d’actions ont atteint des records. Ces récents résultats boursiers américains et européens ont un arrière-goût de nervosité euphorique. « Les marchés boursiers sont à des niveaux élevés, et les investisseurs semblent à la recherche de prétextes pour se délester des valeurs qui ont bien monté », analyse Florent Wabont, économiste chez Ecofi.
Or, la chute du moral du consommateur américain, le marché du crédit secoué par les faillites de First Brands et Tricolor sont des signaux d’inquiétude bien visibles. Mais c’est avant tout la fièvre pour l’or, l’actif refuge ou « actif de la peur » qui prouve l’inquiétude des marchés. « L’explication de la hausse simultanée de l’or et des valeurs technologiques est simple. Il y a beaucoup de liquidités à la recherche d’investissements dans le marché. Et cela va continuer, car la Fed baisse ses taux tout en arrêtant de réduire la taille de son bilan », explique Nadège Dufossé, responsable de la gestion multi-actifs chez Candriam.
L’emprise de l’IA sur les marchés
En apparence, le marché boursier américain se porte comme un charme. Il faut y regarder de plus près pour trouver « l’éléphant dans la pièce » : l’intelligence artificielle. Le niveau de valorisation du S&P 500 et du Nasdaq est le plus élevé connu à ce jour, excepté la bulle internet. « On peut estimer que l’intelligence artificielle explique 30 % à 40 % de la croissance américaine au premier semestre 2025. C’est un peu l’arbre qui cache la forêt du ralentissement de l’économie américaine », affirme Florent Wabont.
Et cet arbre est suffisamment gros pour dissimuler le ralentissement qui semble se profiler au quatrième trimestre 2025. « Le ‘shutdown’, qui nous prive pour l’instant de données, aura d’ailleurs un impact négatif d’autant plus important qu’il se prolongera longtemps. Les effets des droits de douane commencent à se matérialiser et l’immobilier reste assez faible », alerte Nadège Dufossé.
La défense tire les actifs européens
Le contexte incite donc à la diversification géographique des investissements pour minimiser les risques liés à un regain d’inflation aux États-Unis. Pourtant, les actifs européens n’attirent pas les foules : la croissance atone et l’instabilité politique française ne sont pas encourageantes. « On pourrait commencer à voir une inflexion à la hausse des prévisions de résultats des entreprises européennes si l’impact des droits de douane est moindre qu’escompté », estime Florent Wabont.
Malgré tout, les indices boursiers européens ne sont pas en reste. « En Europe, 70 % à 80 % de la hausse du marché cette année est tirée par deux secteurs : la défense et la finance. Mais les actifs européens ont aussi l’avantage d’être moins valorisés », souligne François Dossou, directeur de la gestion actions chez Sienna IM. Des signes d’inflexion sont déjà apparus suite à la publication des résultats de certains titres.
Méfiance et manque de visibilité
La véritable question derrière cette agitation est de savoir si la tendance va perdurer jusqu’à la fin de l’année. « Les valeurs de croissance délaissées du fait des perturbations liées aux tarifs douaniers, mais dont le modèle économique n’est pas remis en cause sont intéressantes », estime François Dossou. Ainsi, des titres comme LVMH, Schneider Electrics ou Pernod-Ricard restent des valeurs à surveiller.
« En Europe, nous sommes plus confiants sur des secteurs qui font la spécificité de ce marché et ont énormément souffert, comme la santé ou la consommation de base, qui montrent des signes de rebond. Nous les avons renforcés au détriment de segments plus cycliques comme les banques ou les petites valeurs », analyse Nadège Dufossé.
Au-delà des États-Unis et du Vieux Continent, d’autres opportunités émergent aussi. Les perspectives de croissance de l’Inde ou les valeurs brésiliennes intéressent aussi quelques investisseurs.
Attention, toutefois, à ne pas sous-estimer les effets devises. Les effets de la hausse du marché américain ont, par exemple, été largement supprimés par la chute du dollar. Il faut donc être prudent dans le choix des investissements, car, comme le martèle François Dossou : « la moindre bonne surprise est amplifiée, mais ces pics de volatilité sont surtout le signe que la visibilité est faible ».
Ce qu’il faut retenir
- L’euphorie des marchés boursiers ne masquent plus les signes d’inquiétude,
- Aux États-Unis comme en Europe, les indices sont portés par quelques secteurs, mais le vent peut tourner rapidement,
- Avec le « shutdown » américain, les prévisions pour le dernier trimestre de l’année restent un mystère, obligeant les investisseurs à opérer avec méfiance.
Pour aller plus loin :
- S’informer en matière des Marchés financiers
- Retrouver l’article d’origine sur Les Échos.
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