L’instabilité politique met à mal la confiance des Français. Dans ce contexte, quels sont les placements privilégiés ? Le point sur la situation.

Climat d’incertitude propice aux placements refuges
La démission du Premier ministre français, après seulement 13 heures de nomination, a porté un coup de plus à une situation politique délétère. La réévaluation à la baisse de la note française par Fitch, l’absence de majorité à l’Assemblée nationale sans parler de la dette publique croissante constituent autant de raisons pour les épargnants de réfléchir à deux fois avant d’investir leur épargne. Dans ce contexte incertain, les marchés fluctuent et certains produits adossés à la dette publique pourraient voir leur performance diminuer (livrets d’épargne réglementée par exemple).
Face à cette instabilité, les investisseurs se tournent vers des valeurs dites « refuges ». Ces dernières offrent, à tout portefeuille, un matelas de protection en période de fortes turbulences. Toutefois, aucun actif n’est complètement imperméable aux chocs extérieurs. Voici donc les placements refuges à privilégier selon les expert pour 2025 :
- l’or ;
- les obligations ;
- les fonds en euros.
L’or au plus haut niveau
L’or ne connaît pas la crise. Pour la première fois de son histoire, l’once a dépassé 4 000 dollars. En septembre, sa progression a été évaluée à +45 % depuis le début de l’année. Les incertitudes géopolitiques sont propices aux cours du métal jaune, plus rémunérateur. A titre d’exemple, la démission de Sébastien Lecornu du poste de Premier ministre a impacté directement le cours de l’or : +1,5 %. Comparativement, au même moment, le CAC 40 reculait d’autant.
« Il faut rappeler que l’or est très volatil. Les métriques en font un placement très dynamique : il est déjà arrivé de le voir se déprécier de plusieurs dizaines de pourcent en quelques mois », alerte Valentine Demaison, directrice générale de Mon Petit placement. L’évolution de l’or s’appuie sur des tendances à long terme. Cependant, il faut garder à l’esprit que ce n’est pas un actif sans risque. Il est donc conseillé de ne pas exposer plus de 5 % de son patrimoine financier à ce type d’actif.
Le marché obligataire fragilisé
Autre valeur souvent désignée comme « refuge » en période d’instabilité, l’obligation reste un actif rémunérateur. Le rendement de la dette souveraine française à 10 ans (OAT) est désormais plus élevé que son équivalent italien, à 3,55 %. Mais le marché obligataire est également perturbé par les événements politiques et les inquiétudes relatives à l’endettement croissant de l’État français. Il ne faut donc pas sous-estimer les fluctuations.
Pour rappel, si les taux d’intérêt montent, de nouvelles obligations sont émises avec des coupons supérieurs aux précédents. Dans ce cas, la valeur des précédentes obligations émises baisse jusqu’à les rendre aussi intéressantes qui rapportent plus (et inversement, lorsque les taux d’intérêt baissent). Mais il s’agit souvent de fluctuation temporaire. « Si l’épargnant reste jusqu’à échéance, cette baisse reste théorique puisqu’il sera remboursé, sauf défaillance de l’émetteur, de la valeur du titre à l’achat, tout en ayant bénéficié des intérêts », explique Guillaume Berthiaux, président de Sofidy gestion privée.
Pour un investisseur n’ayant pas encore opté pour les obligations, il aussi possible de se tourner vers des placements moins volatiles, comme des ETF et des fonds accessibles pour les particuliers adossés à ces émissions de dette « corporate ».
Les fonds en euros en dernier recours
Si les obligations peuvent être impactées par les événements politiques actuels, alors les fonds en euros le sont aussi, par ricochet. Pour rappel, les fonds en euros, considérés comme un investissement sécurisé au sein de l’assurance-vie, reposent majoritairement sur des obligations. « La tension sur les taux longs français n’aura donc qu’un effet très dilué sur l’évolution des rendements des fonds en euros », analyse Catherine Baudeneau, Directrice Marketing et porte-parole d’Altaprofits. Car, « dans la catégorie de la dette souveraine, la dette française ne représente qu’une part des investissements et couvre plusieurs maturités », ajoute l’experte.
Rien ne sert donc de donner l’alerte et changer son portefeuille avant que le feu ne se déclare. La stabilité des fonds en euros repose sur la diversité des actifs qui les composent. L’instabilité actuelle ne devrait donc pas impacter fortement ces valeurs. « Une allocation se pense dans la durée. Le pire serait de réagir à chaud : mieux vaut rester investi et attendre. Tout peut encore changer dans quelques heures, ou dans quelques semaines », conseille Guillaume Berthiaux.
Ce qu’il faut retenir
- L’instabilité politique amplifie la méfiance des épargnants qui se tournent vers des valeurs refuges.
- L’or, le marché obligataire et les fonds en euros sont préférés.