Taux d’intérêt : la Fed enclenche la baisse

20/09/2025

La Réserve fédérale a abaissé ses taux directeurs d’un quart de point, les ramenant à 4 %. Elle reste prudente malgré la pression constante du président Trump pour une politique monétaire plus souple.

Première baisse des taux de l’année

En pleine lutte ouverte avec l’administration Trump, la banque centrale des États-Unis a annoncé sa première baisse des taux directeurs depuis le début de l’année. Diminués d’un quart de point, les taux sont fixés à 4 %-4,25 % afin de booster l’économie. « Les indicateurs récents suggèrent que la croissance de l’activité économique s’est modérée au premier semestre. Les créations d’emplois ont ralenti et le taux de chômage est monté, mais il reste bas. L’inflation a augmenté et reste assez élevée », explique la Fed dans son communiqué.

Source : Les Échos

Cette décision marque le début d’un nouveau cycle baissier, qui pourrait se confirmer lors des prochaines réunions prévues en novembre et en décembre. La Réserve fédérale avait marqué une pause dans la baisse des taux suite à l’annonce de la hausse des droits de douane.

Le comité de politique monétaire de la Fed a choisi de faire passer l’emploi au premier plan, plutôt que la lutte contre l’inflation. Une priorité au vu des chiffres fournis en août par le Bureau of Labor Statistics : pour le mois de juillet, la création d’emplois ne dépassait pas 73 000. Suite à ces résultats mitigés, les prévisions ont été revues à la baisse pour les créations d’emplois nettes sur un an jusqu’en mars prochain. L’inflation, bien que persistante, passe donc au second plan, malgré son niveau élevé par rapport à la cible fixée par le Fed. Mais Jerome Powell, président de la Réserve fédérale, se veut rassurant. Selon lui, l’effet des tarifs douaniers sera « de courte durée et ponctuel ».

Manœuvre délicate pour la Fed

Mais, la banque centrale des États-Unis navigue en eaux troubles pour le second semestre. Elle doit à la fois garder un œil sur l’évolution de l’inflation tout en évitant une hausse du chômage. Dans ces conditions délicates, il est difficile pour la Fed de donner une direction claire pour le reste de l’année. Jusqu’à présent, elle prévoyait deux baisses de taux pour cette année. Toutefois, mercredi 17 septembre, elle a actualisé ses prévisions : 3,6 % fin 2025, 3,4 % fin 2026, 3,1 % fin 2027.

Malgré la reprise du cycle de baisse de taux, Donald Trump continue de plaider pour des coupes plus audacieuses. Depuis le second trimestre, le président des Etats-Unis exerce une pression intense sur Jerome Powell, qu’il surnomme « Trop Tard ». « Je pense qu’ils devraient écouter des gens intelligents comme moi. Je pense que j’ai un meilleur instinct que lui », a répondu Trump à des reporters, en parlant de Jerome Powell, juste avant l’annonce de la baisse des taux directeurs.

Bras de fer entre Powell et Trump

Si la Maison Blanche n’a pas encore mis la main sur la Réserve fédérale, la pression intense et les nombreux commentaires publics ont réussi à semer le doute sur la réalité de l’indépendance de la Fed. Même si la majorité des membres siégeant au comité de politique monétaire ne doivent rien à l’administration Trump, la récente nomination de Stephen Miran par Donald Trump, associée à l’affaire Lisa Cook (en route pour la Cour suprême), met à rude épreuve l’indépendance de la Réserve fédérale.

Car le taux de chômage aux États-Unis n’est pas si élevé (4,3 %) pour justifier une reprise de la baisse des taux directeurs. D’autant plus que l’économie américaine n’est pas au point mort et la consommation est plus haute que prévue (+0,6 % en août).

Seuls les marchés financiers semblent redouter une perte d’indépendance de la Fed. Ainsi, le dollar est tombé à son niveau le plus bas depuis 2022. Si la Maison Blanche se met réellement à faire la pluie et le beau temps de la politique monétaire des États-Unis, les capitaux iront probablement chercher refuge ailleurs.

Ce qu’il faut retenir

  • Le Fed baisse ses taux directeurs d’un quart de point.
  • Un nouveau cycle baissier pourrait être enclenché avec deux autres baisses à venir.
  • Les marchés financiers restent méfiants face à une décision qui semble être influencée par la volonté insistante de la Maison blanche.

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