Crise du budget : la dette française est abaissée à A+

15/09/2025

Quelques jours après la chute du Premier ministre François Bayrou, la note de la dette souveraine française est abaissée de AA- à A+ par l’agence Fitch. Face à la mobilisation grandissante, le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, doit trouver de nouvelles pistes d’économies.

Fin du AA- pour la dette française

Le verdict est tombé. Le France perd sa note AA-. « Cette instabilité affaiblit la capacité du système politique à mettre en œuvre une consolidation budgétaire d’ampleur », explique l’agence Fitch dans son communiqué justifiant sa décision. En baissant la note de la dette souveraine française à A+, Fitch estime que le gouvernement français ne peut pas ramener le déficit public sous 3 % du PIB d’ici 2029.

Cette dégradation par l’agence Fitch est la deuxième depuis 2023. Si l’histoire se répète, elle laisserait préfigurer un mouvement global des agences de notation, avec Moody’s et S&P avant la fin de l’année.

Intervenant juste après la chute du Premier ministre François Bayrou, elle vient confirmer les craintes qui se cristallisent autour de l’instabilité politique et des incertitudes budgétaires qui planent sur le pays. L’agence estime que le déficit projeté en 2026 et 2027 sera plus proche de 5 % que de 4,6 %.

Sébastien Lecornu face au défi du budget

Dès sa nomination au poste de Premier ministre, mardi 9 septembre, Sébastien Lecornu s’est lancé dans une course contre la montre pour présenter un budget 2026 qui échappe à la censure des oppositions. La barre est haute : l’effort budgétaire demandé s’élève à 44 milliards d’euros l’an prochain. « Cet effort doit être réduit, dans une dimension qui va être décidée par le Premier ministre », a admis le ministre de l’Économie démissionnaire, Eric Lombard, sur France 2. « Une cible à 35 ou 36 milliards d’euros serait bien », a ajouté la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (EPR), sur LCI, dimanche dernier.

« Ceux qui disent que le FMI est aux portes de Bercy mentent, autant que ceux qui soutiennent qu’on peut laisser la situation en l’état, a annoncé le nouveau locataire de Matignon. Il faut donc poursuivre la réduction de notre déficit et c’est l’objet des consultations en cours ». Le Premier ministre est en discussion avec les partis d’opposition pour trouver un compromis et faire adopter un nouveau budget. Pour cela, il a fait de nouvelles propositions d’économies. Peu populaire, la suppression de deux jours fériés a été retirée. En contrepartie, Sébastien Lecornu annonce supprimer les avantages à vie des anciens Premiers ministres.

Car la réduction du déficit public n’est pas seulement un problème français, Paris s’est engagé auprès de ses partenaires européens à passer sous la barre de 3 % du PIB d’ici 2029. Pour ce faire, il doit respecter un plafond d’évolution de ses dépenses primaires nettes, c’est-à-dire les dépenses pour lesquelles le pays est décisionnaire. Pour les trois années à venir, le Conseil européen a recommandé de ne pas aller au-delà de 1,2 % par an. Mais, selon les estimations, ce rythme n’est pas suffisant pour atteindre l’objectif fixé.

Afin de respecter les engagements européens, le nouveau Premier ministre doit donc faire adopter le budget avec un effort avoisinant 38 milliards d’euros minimum. Un tour de force alors que la mobilisation se renforce dans le pays et que les perspectives de croissance ne sont pas optimistes (autour de 1 % pour 2026).

Ce qu’il faut retenir

  • L’agence de notation Fitch a dégradé la note de la dette souveraine de la France de AA- à A+.
  • Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, doit donc proposer un nouveau budget atteignant l’objectif d’économies, malgré la croissance en berne et la multiplication des manifestations.

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