Droits de douane : le rétropédalage de Donald Trump

25/04/2025

En lançant sa guerre commerciale, Donald Trump a, en quelques jours, bouleversé les marchés financiers et entamé la crédibilité du dollar. Une situation chaotique qui risque d’entacher durablement la situation économique des États-Unis.

Le dollar en chute libre

Deux pas en avant, un pas en arrière. Le président américain a provoqué une véritable crise de confiance en faisant simultanément chuter le dollar, à son plus bas niveau depuis trois ans, et propulsé les taux américains à 5 %.

En activant les surtaxes promises, Donald Trump a créé la panique sur les marchés financiers. Il a rapidement tenté de calmer le jeu en se disant prêt à envisager une approche plus raisonnable sur les droits de douane. Le 9 avril dernier, le président des Etats-Unis a annoncé une pause de 90 jours pour certains États visés par la hausse des droits de douane (dont l’Union européenne).

Ce revirement a soulagé les marchés américains : le S&P 500 a enregistré une hausse de 1,67 % tandis que le Nasdaq a repris à 2,5 %. La bourse européenne a suivi le mouvement : l’indice Euro Stoxx 50 et le CAC 40 ont respectivement gagné 2,8 % et 2,1 %.

La surtaxe appliquée à la Chine revue à la baisse

La Chine est particulièrement dans le viseur de la guerre commerciale américaine. Après avoir envisagé des taxes de 145 % sur les produits chinois, Donald Trump a admis que ces taxes étaient « très élevées ». « Nous allons être très gentils, ils vont être très gentils et nous verrons bien ce qu’il se passe. » Scott Bessent, secrétaire au Trésor, a affirmé que le bras de fer entre Pékin et Washington n’était tenable pour aucun des deux pays.

La guerre commerciale n’est pas le seul sujet sur lequel le président américain a atteint un point de non-retour. En qualifiant publiquement Jerome Powell « d’énorme loser », Donald Trump a franchi la ligne de respect de l’indépendance de Réserve fédérale en affirmant qu’il était « plus que temps que [son] mandat se termine ». En pratique, les gouverneurs de la Fed ne peuvent pas être démis de leurs fonctions, sauf pour motif grave. Mais les menaces de Donald Trump ne sont pas sans conséquence sur l’évolution du coût des emprunts. Les taux américains se sont envolés autour de 4,34 %. La perte de crédibilité des États-Unis s’est propagée au dollar en perte de vitesse.

Les investisseurs sur leurs gardes

Ces dernières semaines, les décisions du président américain et ses rétropédalages ont inévitablement et irrémédiablement changé la perception des investisseurs. Les pertes de crédibilité de la dette américaine et du dollar, combinées à la baisse des indices des marchés boursiers, ont dérouté les prévisions de croissance des économistes. « L’amplitude de la baisse du dollar reflète une perte de confiance profonde, difficile à inverser à court terme sans gestes politiques forts », analyse Derek Halpenny, du bureau de recherche de MUFG EMEA.

Si la trêve de 90 jours, annoncée par le président Trump, a permis de rassurer temporairement les marchés, l’environnement dégradé crée plus que jamais de l’incertitude face à l’avenir. Conséquence, les entreprises n’investissent pas et les consommateurs privilégient la prudence. Or, les États-Unis jouent un rôle majeur dans l’évolution de la croissance mondiale. Le FMI estime que les relèvements des droits de douane, s’ils sont appliqués, feraient plonger la croissance mondiale en dessous de 3 %, perdant 1/2 point de pourcentage par rapport aux estimations de janvier 2025.

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